Les constructeurs de smartphones mènent une course effrénée afin de conquérir des parts de marché. Cependant, le nombre de consommateurs à un certain prix n’est pas extensible à l’infini, et l’évolution des chiffres de ventes des premières années et des dernières ne sont pas comparables. Ce ralentissement peut néanmoins se juguler par des techniques plus ou moins avouables. L’obsolescence programmée en fait partie, malgré son illégalité.
Aucun fabricant de smartphone, qu’il s’agisse d’Apple, Samsung ou Huawei, n’admettra la pratique de l’obsolescence programmée, et pour cause, le droit français ne la considère comme illégale depuis 2015. La législation en vigueur est d’ailleurs particulièrement claire à ce sujet et définit cette pratique comme étant “’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement.”
L’expression est lâchée : “taux de remplacement”.
Dans le cadre d’un marché qui arrive à saturation, les constructeurs cherchent par tous les moyens à limiter au mieux l'érosion des ventes. Si l’avancée technologique reste un argument important, elle s’opère désormais aux marges des produits. Fini le temps des annonces qui pouvaient impressionner aussi bien le grand public que les spécialistes. Désormais, les progrès se font à plus petit pas : une amélioration sur les caméras, sur la durée de vie de la batterie, sur des capteurs ou la puissance peut se constater. Rien de tout cela ne permet de justifier un achat en masse d’un nouvel appareil qui apparaîtrait comme révolutionnaire, à l’instar de ce que furent les premiers iPhones.
Si une évolution importante se produit, elle est exogène au smartphone, à l’instar de l’arrivée de la 5G. Il est donc tentant de pousser le consommateur à renouveler son matériel en lui forçant la main par des moyens détournés.
L’obsolescence programmée pour un smartphone peut se faire de deux manières différentes. D’une part, le matériel peut être choisi afin qu’il ait une durée de vie limitée en sélectionnant des éléments plus fragiles. Il peut s’agir de l’écran, de la batterie ou de parties des circuits internes. Bien que totalement illégal, il est difficile de prouver l’usage de l’obsolescence programmée dans ce cas, à moins de fuite en provenance du constructeur.
La seconde méthode consiste à faire varier des paramètres du système d’opération du smartphone, souvent par le biais de mises à jour.
Ainsi suite au téléchargement de la dernière version du logiciel, la batterie peut s’épuiser plus rapidement, ou l’appareil peut tourner au ralenti. Cette approche est plus facilement repérable car il est directement détectable dans les lignes de code.
Il est à noter que face aux risques juridiques, les constructeurs évitent de plus en plus ce genre de pratique. Ainsi on a même noté que certains anciens iPhones ont gagné en rapidité après des mises à jour !